Nouveau rapport sur les ventes d'antibiotiques

publié par l'Agence nationale du médicament vétérinaire

L'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) vient de publier son nouveau rapport sur le suivi des ventes de médicaments vétérinaires contenant des antibiotiques en France en 20091. Les antibiotiques sont toujours massivement utilisés dans les élevages. Pourtant l'antibiorésistance qui en découle est un problème de santé publique de première importance. Un expert de l’ANMV évoquait en off de « futures éventuelles crises sanitaires » au cours de l'émission Pièces à conviction diffusée en juin dernier2. « Une menace extrêmement sérieuse pour l'avenir » alertait également Antoine Andremont3, chef du laboratoire de bactériologie médicale à l'hôpital Bichat. L'évolution de l'utilisation des médicaments vétérinaires montre à quel point notre société est incapable de prendre les mesures qui s'imposent face à des pratiques économiques menaçant la santé publique. Il n'en aura pas été question au Salon de l'Agriculture...

Que dit le rapport de l'ANMV ?

En 2009, le volume total des ventes s’est élevé à 1067 tonnes d’antibiotiques vétérinaires. Plus de 92% d'entre eux ont été vendus à destination des élevages d'animaux utilisés pour la viande, le lait et les œufs (le reste pour les animaux de compagnie). « Le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques [...] a augmenté de 12,6% entre 1999 et 2009. » Si l'utilisation de certaines familles d'antibiotiques diminue (les tétracyclines et les sulfamides), ce n'est pas le cas de molécules plus récentes comme les fluoroquinolones et les céphalosporines. « Les fluoroquinolones et les céphalosporines de 3^e et 4^e génération sont considérées "d’importance critique" et l’augmentation [respectivement de 49 et 106% entre 1999 et 2009] de leur utilisation est préoccupante », précise le rapport.

44% du tonnage d’antibiotiques vendus est à destination des élevages de cochons, plus de 22% va aux élevages de volailles et 16% aux élevages de bovins. Les animaux les plus exposés aux antibiotiques restent les lapins qui utilisent quasi 8% des antibiotiques alors que la viande de lapin ne représentent qu'entre 1 et 2% de la consommation de l'ensemble des viandes

L'élevage intensif : l'épée de Damoclès

L’élevage des animaux – principalement l’élevage intensif – est responsable de cette utilisation massive d'antibiotiques⁴. La promiscuité et les conditions d'élevage surexposent les animaux aux différentes pathologies. Sans antibiotiques et autres médicaments, des taux élevés de mortalité et de morbidité mèneraient l'élevage intensif à sa perte.
Cette utilisation massive d'antibiotiques entraîne inévitablement le développement de bactéries résistantes et conduit à l'inefficacité des traitements sur un nombre croissant de patients dans les hôpitaux⁵. « Les bactéries peuvent ensuite être transmises à l’homme, principalement par l'alimentation. Elles peuvent être rejetées dans l’environnement avec les excréments animaux, être présentes dans l’eau, contaminer la viande lors de l’abattage et se retrouver dans nos assiettes si la température de cuisson est insuffisante pour les détruire. » (Institut de veille sanitaire)⁶
« L'antibiorésistance due à l'alimentation est la 2^e cause des infections incurables après l'usage des antibiotiques chez l'homme »⁷

Contacts presse :
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66

1. A.Chevance et G. Moulin, « Suivi des ventes de médicaments vétérinaires contenant des antibiotiques en France en 2009 »,  Anses-ANMV, février 2011.
2. France 3, « Assiette tous risques », Pièces à conviction, 28 juin 2010, à 7'19 de la vidéo.
3. Ibid. , à 5'40 de la vidéo.
4. Institut de veille sanitaire, Dossier « Résistance aux anti-infectieux ».
5. France 3, op. cit.
6. Institut de veille sanitaire, op. cit.
7. France 3, op. cit., 9'10.
8. « 48e édition du Salon international de l’agriculture », du 19 au 27 février, Agri72, 11 janvier 2011.