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L'impact de la viande sur les humains, les animaux et l'environnement

"L'excès de viande menace-t-il le monde ?" - Sud Ouest

Sébastien Darsy, "L'excès de viande menace-t-il le monde ?", Sud Ouest, 27 février 2010.

Truie en stalle

Truie en stalle

Samedi 27 Février 2010

Dans son dernier rapport annuel, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture s'inquiète de l'essor de l'élevage

L'excès de viande menace-t-il le monde ?

Les Européens ne mangeront-ils bientôt plus de viande le lundi ? C'est du moins ce que souhaitent l'ex-Beatle Paul McCartney, végétarien depuis 1973, et l'Indien Rajendra Pachauri, président du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) qui abhorre également les mets carnés. Le 9 décembre, peu avant la conférence de Copenhague, le musicien et le climatologue se sont livrés à un réquisitoire contre l'élevage lors d'un débat au Parlement européen à Bruxelles. Leur souhait : que soit institué « un jour sans viande » par semaine en Europe.

Pour un peu, l'initiative prêterait à sourire : une nouvelle lubie des défenseurs du bien-être animal... Pourtant, à en juger par le rapport annuel, publié le 18 février par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), il se pourrait bien que la consommation excessive de viande dans le monde, à divers degrés, représente une menace pour l'humanité.

Consommation triplée

Il faut remonter à 1982 pour retrouver un rapport aussi approfondi de la FAO sur le secteur de l'élevage. Et en trente ans, force est de constater que la situation, en la matière, a considérablement évolué. « La consommation a augmenté dans toutes les régions du monde, sauf en Afrique subsaharienne, note le rapport. Et depuis le début des années 60, la consommation de viande par habitant a triplé dans les pays en développement. » Entre 1980 et 2007, la Chine - un sixième de la population mondiale - a multiplié sa production de viande par six. Néanmoins, la consommation de produits de l'élevage par habitant dans les régions en développement est encore nettement plus faible que dans les pays riches où se trouvent les plus gros mangeurs.

L'explication d'un tel essor résulte de multiples facteurs : la croissance démographique a alimenté la demande en viande, tandis que des innovations techniques (l'élevage intensif, surtout) ont développé la production animale ; le faible coût des céréales pour nourrir les bêtes y est également pour beaucoup.

Et il y a fort à parier, comme le note la FAO, qu'au cours du siècle, « la demande mondiale de produits de l'élevage devrait croître de manière soutenue ».

À maints égards, cette situation pourrait paraître réjouissante. Les produits d'origine animale fournissent des micronutriments essentiels non présents dans ceux d'origine végétale, et, à n'en pas douter, un meilleur accès à une alimentation animale peu coûteuse pourrait améliorer sensiblement la santé et la nutrition des populations sous-alimentées : à ce jour, 1 milliard d'êtres humains souffrent de sous-alimentation. Pourtant le remède carné se révélerait pire que le mal, comme l'assure la litanie de méfaits dus à l'essor de l'élevage dressée par les experts de la FAO.

Déforestation intensifiée

À commencer par l'augmentation du prix des céréales, dont une grande partie sert à nourrir les animaux. Il faut en effet entre 7 et 9 calories végétales pour obtenir 1 calorie animale. Autrement dit, plus les cheptels s'agrandissent, plus la demande en céréales s'accroît et fait monter leur prix, d'où des risques de famines. À cela s'ajoutent les phénomènes de déforestation découlant de la culture du soja (par exemple, celui qui pousse en Amazonie et nourrit le bétail européen), ou de la création de nouveaux pâturages. Ces derniers occupent 26 % de la surface terrestre non recouverte par les glaces. Or, 10 à 20 % des prairies du monde sont déjà fortement dégradées du fait du surpâturage.

Pour autant, des millions d'animaux n'ont pas l'occasion de folâtrer sur des espaces verts. Ceux-ci grandissent dans des espaces clos : les élevages hors sol. « La concentration des animaux dans les parcs d'engraissement, est-il déploré par les experts de la FAO, se traduit souvent par la pollution des sols et de l'eau, dans la mesure où les quantités d'effluents et d'urine produites excèdent très largement la capacité d'absorption des nutriments des terres environnantes. » C'est là un problème que les départements bretons connaissent bien mais qui concerne également le reste du monde, car, « en raison de la concentration géographique croissante de la production animale, le fumier devient ainsi un déchet au lieu d'être une précieuse ressource comme dans les systèmes moins concentrés de production mixte ».

Des effets sur le climat

La contribution de l'élevage au réchauffement climatique, dont les effets dévastateurs envisagés sont bien connus, est, quant à elle, assez édifiante : elle compterait, selon les études d'experts mondiaux membres du Giec, « pour 18 % des gaz à effet de serre responsables du dérèglement climatique ». Soit presque autant que ceux émis par les transports ! La faute aux ruminants (boeufs, chèvres, moutons...) qui exhalent d u méthane, un gaz qui contribue quatorze fois plus que le CO2 à l'augmentation de l'effet de serre. Les porcs et la volaille, eux, participent aussi directement au dérèglement climatique par le biais de la production d'oxyde nitreux (N2O) présent dans leurs effluents. Autant de constats qui, mis bout à bout, ne sentent pas très bon pour la planète.

« Nous vivons avec les bovins depuis une éternité »

Belle, Amelia, Alpine, Ariane, Aturine, Vahiné, Boletero, Aaron ont embarqué sagement, jeudi après-midi, dans le camion bétaillère qui devait les conduire à Paris douze heures plus tard. Ces blondes et blonds d'Aquitaine dont le poids varie entre 1,6 t pour les taureaux et 1,1 t pour les vaches sont la fierté des élevages Basta d'Arzacq (64), Othéguy de Sainte-Marie-de-Gosse (40), Bracot de Vielleségure (64), Darest de Saint-Martin-de-Hinx (40), Dubosc de Viella (32), Darricau d'Hastingues (40), Lard de Saubrigues (40) et Hontang de Samadet (40).

Cet après-midi là, près du silo de Maïsadour à Saint-Martin-de-Hinx, plus de 200 personnes étaient venues assister à l'embarquement. « Des éleveurs pratiquants et d'anciens éleveurs », résumait Hervé Lard pour caractériser un public de passionnés au regard averti sous la casquette ou le béret.

Ce rituel du départ, au coeur d'une grande région d'élevage bovin, dure depuis des années et son succès ne se dément pas. Au côté des « stars » ont également embarqué 4 veaux et 3 taurillons qui participeront à une « exposition », les cochons basques de Pierre Oteiza et 3 chèvres... Plus un peu de matériel et du liquide : « 16 fûts de bière et la machine avec », précisait le président du syndicat départemental, Jean-Pierre Planté. Au Salon, dans le camp des blondes, ce sont les Landais qui régalent.

Bonnes pratiques

Chacun des éleveurs partis à la conquête d'un trophée aura investi plus de 3 000 euros pour faire de sa vache ou de son taureau une vraie bête de concours. Pour des retombées qui ne sont pas quantifiables, dit-on pudiquement. « C'est un tout, explique Éric Hontang. être sélectionné pour Paris assied la réputation de votre élevage et la valorisation se fait sur la descendance de l'animal. » « II faut bien comprendre, poursuit Hervé Lard, que le gars qui tire une bête exceptionnelle tous les dix ans fait les efforts qu'il faut, quitte à ne pas changer de charrue alors qu'il avait prévu de le faire ». Ici, il n'est question que de « finesse d'os », de « masse harmonieuse », de « bonnes pattes pour porter la puissance ».

Loin des préoccupations du vaste monde ? Pas vraiment. Les attaques portées en direction de l'élevage bovin ne datent pas d'hier et les éleveurs commencent à y être rodés. Éric Hontang se souvient qu'en 1996, déjà, en pleine crise de la vache folle, il lui avait fallu batailler avec l'association de parents d'élèves de son village qui voulait supprimer la viande à la cantine de l'école. La réponse : « Bonnes pratiques, traçabilité, proximité. » En fait, le vaste monde est aujourd'hui à leur porte, dont les interpellations sont véhiculées par les néoruraux. « Le problème, ce n'est pas le Parisien, disent-ils. Celui qui vient au salon, c'est avant tout pour admirer les bêtes. »

L'offensive récente sur les pets et les rots de vaches, réputés générateurs de gaz à effet de serre, aurait plutôt tendance à les faire rire : « nous vivons avec les bovins depuis une éternité et il a fallu attendre 2009 pour s'apercevoir qu'ils polluent. Si c'est ça le seul risque pour l'humanité, alors on peut vivre longtemps ! » s'esclaffe Hervé Lard. « C'est ridicule, renchérit Jean-Pierre Planté. D'ailleurs, je ne suis pas convaincu que le cheptel global français soit aujourd'hui supérieur à ce qu'il était il y a cinquante ans. »

Réflexes de nantis

Le cheptel français peut-être, mais celui de pays émergents ne demande qu'à croître pour satisfaire la demande de viande d'une population dont le pouvoir d'achat progresse. « encore une fois, on a des réflexes de nantis, de gens qui ont le frigo toujours plein. Nous, on souhaite que ces populations puissent accéder à la viande. D'ailleurs, au nom de quoi pourrait-on leur interdire ? C'est comme pour la voiture », s'insurgent les éleveurs.

Pour eux, l'argument du nombre et de la pression sur les terres agricoles ne tient pas. « Plus on développera l'élevage, plus on ira vers de l'extensif, donc vers de l'herbe. Or, l'herbe fixe le carbone », souligne Jean-Pierre Planté qui rappelle par ailleurs : « mis à part les fruits et légumes, les cultures végétales sont essentiellement destinées à l'alimentation animale. » Hervé Lard martèle ce qui lui semble une évidence : « de tout temps, l'élevage s'est développé sur les mauvaises terres agricoles. Dans les zones de montagne et de piémont, si vous supprimez les bovins et les ovins, ce n'est pas la DDE qui viendra entretenir les paysages. Ce ne sont pas les écolos qui viendront couper les ronces ! »

Ah, « les écolos » ! Passons sur « Hulot et son hélico » pour ne retenir que l'objet de rigolade du moment : « on nous avait vendu les Jeux olympiques de Vancouver comme les plus écolos, ils ont été obligés de faire venir de la neige en camion. »

Le salon de l'agriculture se tient sur fond de crise (copie 1)

Le 47e Salon de l'agriculture ouvre ses portes ce samedi au Parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris. Il se poursuivra jusqu'au dimanche 7 mars. Rompant avec la tradition chiraquienne, le président de la République, Nicolas Sarkozy, ne l'inaugurera pas ce matin. Il en a laissé le soin à son ministre de l'agriculture, Bruno Le Maire, qui accueillera à cette occasion le nouveau commissaire européen, Dacian Ciolos. Son prédécesseur, la très libérale Marianne Fisher-Boël, n'était guère en odeur de sainteté dans les milieux agricoles français.

Ces derniers attendent beaucoup, en revanche, de ce roumain francophone qui a la réputation d'être aussi francophile. En arrière-plan de sa visite, la première dans un grand salon européen depuis son entrée en fonction, se profilent les difficiles négociations sur la politique agricole commune de l'après-2013. La France plaide pour la mise en place d'outils de régulation des marchés. Les discussions budgétaires démarrent cette année.

La recherche en exergue

Ce salon 2010 s'ouvre sur fond d'une crise qui a touché en 2009 l'ensemble des secteurs agricoles, engendrant, pour la deuxième année consécutive, une baisse spectaculaire du revenu moyen (-34%). La crise laitière, avec en point d'orgue la « grève du lait » de septembre dernier, en avait été l'une des principales illustrations. L'Apli (Association des producteurs laitiers indépendants) et la Coordination rurale, fers de lance de ce mouvement, comptent bien se servir du salon comme d'une nouvelle tribune en organisant lundi un forum sur la volatilité des prix. Mercredi, ce sera le tour de la Confédération paysanne d'alerter les visiteurs et l'opinion sur des « revenus en berne » en offrant un verre de lait « tiré au cul du camion » sur l'esplanade d'entrée. « Nous savons qu'à la veille des élections régionales, tous les responsables nationaux, tous les principaux candidats vont venir nous courtiser. Nous attendons qu'ils se dévoilent, qu'ils s'engagent », lance pour sa part le secrétaire général de la FNSEA, Dominique Barrau.

Reste que la volatilité des prix, le futur budget et la nouvelle forme de la PAC ne sont pas les seuls sujets de préoccupation. Le poids des normes et contraintes environnementales, les perspectives de réduction drastique de l'emploi des produits phytosanitaires pèsent également sur le moral des agriculteurs. C'est la raison pour laquelle l'accent a été mis, pour cette présente édition, sur « la recherche et l'innovation ». Plusieurs colloques sont organisés, dont l'un aura pour objet de montrer que l'avènement d'une agriculture « écologiquement compétitive » ne relève pas du paradoxe.

700 000 visiteurs attendus

Sous le regard de sa mascotte, Aïda, une vache de race salers, ce salon 2010, avec un nombre d'exposants en hausse, n'entend toutefois pas engendrer la morosité. À l'instar des sondages qui révèlent l'attachement des Français à leur agriculture et à leurs agriculteurs, les organisateurs espèrent voir franchie la barre des 700 000 visiteurs. Le hall I, celui de l'élevage, constituera comme d'habitude le principal point d'attraction. Avec le hall 7 où les régions de France offrent à déguster le meilleur de leurs terroirs. Au total, plus de 3 000 animaux (bovins, caprins, porcins, équins, canins, volailles...) seront présentés, pour partie en concours, pour partie en exposition.

Enfin, très prisé par les professionnels, le Concours général agricole mettra plus de 3 500 produits en compétition. Rien que pour le vin, 14 000 échantillons ont été adressés.

Auteur : Sébastien Darsy

Le Monde22 novembre 2023https://www.lemonde.fr/climat/article/2023/01/22/pour-atteindre-la-neutralite-carbone-il-faut-manger-beaucoup-moins-de-viande_6158853_1652612.html« Pour atteindre la neutralité carbone, il faut manger beaucoup moins de viande »
Le Parisien27 avril 2022https://www.leparisien.fr/societe/grippe-aviaire-une-nouvelle-video-de-lassociation-l214-denonce-lenfouissement-massif-doiseaux-en-vendee-27-04-2022-6LY637HCF5B6PCIDUGYVKAMJLU.phpGrippe aviaire : une nouvelle vidéo de l’association L214 dénonce l’enfouissement massif d’oiseaux en Vendée
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Radio-Canada09 avril 2022https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1875172/analyse-giec-solutions-gouvernement-guilbeault-mesures?GIEC : les solutions sont là, qu’est-ce qu’on attend?
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