- 84 % des poulets de chair sont élevés sans accès à l’extérieur
- 36 % des poules et 99 % des lapins sont élevées en cage
- 95 % de cochons sont élevés sur caillebotis en bâtiments
- Ces animaux sont sélectionnés pour leur productivité, on les mutile (castration à vif, ablation de la queue ou du bec), on sépare les mères et leurs petits
- Leur taux de mortalité est élevé : par exemple 20 % des cochons meurent avant le jour de l'abattage.
- L'élevage intensif : huit animaux sur dix
- Mortalité en élevage
- Une perte pour la biodiversité
- Transportés sur de longues distances
- Abattus à la chaîne
- Agir pour les animaux
Les victimes directes de notre gargantuesque consommation de produits d’origine animale sont les animaux mangés. Il est impossible de produire une telle quantité de viande sans entasser les animaux, les doter de corps difformes à force de sélections génétiques, les adapter de force par des mutilations à des conditions de vie qui limitent drastiquement leurs comportements.
Élevage intensif :
huit animaux sur dix
Des hangars immenses, des silos imposants, des dizaines de milliers d’animaux enfermés. Voilà à quoi ressemblent la plupart des fermes professionnelles qui se sont développées depuis les années 70.
En France (FAOSTAT, 2017) :
- 84 % des 689 millions de poulets de chair sont élevés sans accès à l’extérieur (ITAVI, 2016)
- 97 % des 52 millions de dindes sont élevées enfermées sans accès à l’extérieur (Agreste, 2008 et 2010)
- 36 % des 42 millions de poules pondeuses sont élevées en batterie de cages (CNPO, 2021)
- 99 % des 27,5 millions de lapins sont élevés en batterie de cages (Plan de filière lapin EGAlim, 2017)
- 95 % des 25 millions de cochons sont élevés sur caillebotis en bâtiments
- 60 % des 1,1 million de caprins sont en élevage intensif sans accès aux pâturages (Agreste, 2010)
Ces chiffres montrent que sur plus d’un milliard d’animaux tués chaque année en France, au moins 850 millions, soit environ 8 animaux sur 10, sont confinés dans des élevages intensifs, sans accès à l’extérieur en 2018.
De l'aveu de chercheurs de l'INRAe et du CNRS, cette situation ne pourra pas être améliorée car les systèmes d'élevages intensifs se révèlent être totalement contradictoires avec le bien-être animal. (INRAe, 2022)
Les connaissances que nous avons apportées ont finalement peu fait bouger les lignes et elles ont servi de caution scientifique à des productions génératrices de graves atteintes au bien-être des animaux, à un certain « welfare washing » en quelque sorte, alors, soyons plus clair.es : non, améliorer le bien-être des animaux dans les systèmes intensifs n’est pas possible.
Si les bovins ont encore souvent un accès à l’extérieur, certains d’entre eux passent aussi leur vie en stabulation. La filière bovine est d’ailleurs loin d’être exempte de l’intensification. Si la ferme des 1 000 vaches ou des 1 000 veaux sont les plus connues, il y a en France des exemples de centres d’engraissement de 1 000, 2 000 taurillons (Confédération Paysanne, 2015).
Une perte pour la biodiversité
Génétiquement, les animaux se ressemblent de plus en plus. Un coq peut avoir jusqu’à 28 millions de descendants, un taureau jusqu’à 1 million. Les gènes de millions de bovins et de porcins correspondent désormais à moins de 100 animaux. Pour les volailles, ce ne sont plus qu’une vingtaine. La plus grande partie de la diversité génétique est irrémédiablement perdue (Agropoly, 2014).
Sélectionnés pour la rentabilité
Les souches d’animaux sélectionnées favorisent la prolificité ou la capacité d’engraissement. Ainsi, la souche « poule pondeuse » et la souche « poulet de chair » sont différentes.
Les poussins mâles issus de la souche « pondeuse » sont éliminés par broyage ou gazage au début de leur très courte vie. La filière « foie gras » effectue aussi un sexage en début de vie, les femelles n’étant pas utilisées pour produire du foie gras en France. C’est ainsi que la majorité d’entre elles sont tuées dès leur premier jour.
Synchronisés par commodité
La plupart des animaux sont élevés par lots - tous les animaux d’un lot ont le même âge : naissance, sevrage, engraissement, transport et abattage sont ainsi planifiés et synchronisés.
Séparation mère / petits
Les œufs de poules, de canes ou de dindes, éclosent par milliers dans des armoires à incubation, donnant naissance à de jeunes oiseaux qui cherchent en vain un contact maternel.
Pour la production de lait, les vaches, brebis et chèvres sont généralement inséminées chaque année. Les petits auxquels elles donnent naissance leur sont rapidement enlevés. Ces séparations affectent aussi bien les jeunes que leurs mères.
Les truies sont entravées et ne peuvent développer que des relations tronquées avec leurs petits.
Productivité poussée
Les poules pondeuses pondent aujourd’hui près de 300 oeufs par an (Filières avicoles, 2015) contre une quinzaine lorsqu’elles vivent à l’état sauvage (HSUS, 2014). Les truies donnent naissance à 27 petits par an contre 16 en 1970 (IFIP, 2014).
Les sélections génétiques font apparaître des boîteries notamment chez les poulets de chair et chez les vaches laitières, les uns poussés à produire du muscle au détriment de leurs autres organes, les autres à produire de grandes quantités de lait (EFSA, 2009).
Mutilés pour cohabiter
Dès le début de leur vie, des mutilations sont pratiquées pour « adapter » les animaux à la claustration, à la surpopulation des élevages ou au goût des consommateurs :
- épointage des becs ;
- dégriffage des pattes des poules et des canards ;
- coupe des queues ;
- rognage des dents des cochons ;
- écornage des veaux ;
- castration des cochons, des veaux, des chapons.
Comportements limités
Étendre les ailes, se dresser, fouiner, ronger, explorer, élever ses petits, se déplacer, prendre l’air... la liste des comportements entravés est longue dans la plupart des élevages.
En France, plus de 80 % des animaux sont élevés en bâtiments fermés, parqués en cage ou sur des caillebotis sans accès à l’extérieur.
Mortalité en élevage
De nombreux animaux meurent avant d’avoir atteint l’âge où ils sont abattus. À titre d’exemple, dans les élevages de lapins, ils sont plus de 25 % à trépasser (ITAVI, 2007, p.60) et 20 % dans les élevages porcins (IFIP, 2014).
Transportés sur de longues distances
Les animaux peuvent être transportés sur de longues distances. Les trajets à travers l’Europe restent fréquents. Le chargement, le transport et le déchargement sont de grandes sources de stress pour les animaux. Nombre d’entre eux en meurent. S’il existe un règlement européen en la matière, le rapport de l’office vétérinaire européen dresse un état des lieux mitigé de la situation en France (Food and Veterinary Office, 2009a).
Abattus à la chaîne
Une directive européenne tente de limiter les souffrances inévitables de la mise à mort des animaux. Si des progrès notables ont été réalisés grâce à cette réglementation, les infractions restent nombreuses tant du point de vue de la protection des animaux (Assemblée Nationale, 2016).
Depuis plusieurs années, de nombreuses vidéos provenant de différents abattoirs français ont montré que la réglementation n’était toujours pas respectée, mais aussi qu’elle n’était pas garante du bien-être animal. La mise à mort en elle-même reste un acte violent, quelle que soit la méthode. La taille de l’établissement et l’industrialisation des procédés ne sont pas les seuls responsables : les images provenant de certains abattoirs avec une certification Ecocert ou Label Rouge se sont révélées aussi cruelles que les autres.
Mme Anne-Marie Vanelle, présidente de la section alimentation et santé du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), avait déjà déclaré en 2013 :
La notion de souffrance évitable renvoie aux conditions d'attente en bouverie, au bon fonctionnement du matériel, ou encore à la qualité de la formation des agents qui procèdent à la mise à mort. Il s'agit d'un ensemble de choses qui doivent être vérifiées aussi bien pour un abattage traditionnel que pour un abattage rituel. Malgré toutes ces précautions, on ne peut cependant jamais éviter complètement le stress et la souffrance des animaux
Agir pour les animaux
On reconnaît désormais que les animaux vertébrés, les céphalopodes et divers crustacés éprouvent des sensations et émotions et possèdent des capacités cognitives.
Certains labels, comme le bio ou le Label Rouge, ont des cahiers des charges qui permettent aux animaux de pouvoir exprimer une gamme plus importante de comportements. Avec les niveaux de consommation actuels, il reste toutefois illusoire d’espérer améliorer le sort d’un si grand nombre d’animaux, nécessairement confinés dans des espaces restreints, et « traités » par un nombre réduit de travailleurs. C’est pourquoi diminuer significativement sa consommation de produits animaux est indispensable, tout en se détournant des produits issus de l’élevage intensif. Il est aussi possible d’éviter de contribuer à la souffrance et à la mort des animaux d’élevage en s’abstenant d’en consommer.
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Bibliographie
- Agreste, 2008. Les Dossiers n°3.
- Agreste, 2010. Enquête production avicole.
- Agreste, 2010. Recensement Agricole 2010
- Agropoly, 2014. Ces quelques multinationales qui contrôlent notre alimentation
- Anvol, dossier de presse, février 2024
- Assemblée Nationale, 2016. Rapport sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français.
- CNPO, Base de données avicole 2021.
- Confédération Paysanne, 2015. Outre la ferme des 1000 vaches dans la Somme (80) et la ferme des 1000 veaux de la Courtine (23). On trouve des exploitations de 1000 taurillons à Landifay (02), Coussay-les-Bois (86), 1000 jeunes bovins à Saint-Didier-d'Aussiat (01) et 2000 taurillons dans l'Aube (10). La ferme-usine de Monts (37) habite plus de 2200 ruminants. Ces exemples sont recensés sur la carte de l’industrialisation de l’agriculture de la Confédération Paysanne
- Decugis, Labbé et Recasens, 2008. « Enquête - Le scandale des abattoirs », Le Point, 1er mai 2008.
- EFSA, 2009. Scientific Opinion on the overall effects of farming systems on dairy cow welfare and disease, 2009.
- EGAlim, 2017 Plan filière lapins
- Filières avicoles, 2015. Magazine papier de juin 2015.
- Food and Veterinary Office, 2007Animal Welfare at Slaughter, European Commission, février 2007.
- Food and Veterinary Office, 2009a. Animal welfare - transport in France, European Commission, avril 2009.
Food and Veterinary Office, 2009b. Public Health - Food Hygiene, European Commission, juin 2009. - HSUS, 2014. Humane Society of United States, About Chickens.
- Ifip 2014, GTTT Évolution des résultats moyens nationaux de 1970 à 2015.
- INRAe, 2022 , Améliorer le bien-être des animaux d’élevage : est-ce toujours possible ?, Revue Sésame
- ITAVI, 2006. La production cunicole française : caractérisation des systèmes de production et perspectives d'évolution
- ITAVI, 2007 Gestion Technico-economique des éleveurs de lapins de chair - Programmes RENACEB et RENALAP - Résultats 2006, septembre 2007.
- ITAVI, 2016 Les chiffres clés français