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L'impact de la viande sur les humains, les animaux et l'environnement

Actualités

Souveraineté alimentaire : vers une alimentation durable pour tous ?

  • Végétaliser l’alimentation est un levier puissant qui sera indispensable pour rendre la France plus autonome d’un point de vue alimentaire.
  • Produire à bas coût pour exporter d’un côté tout en important de l’autre, comme c’est le cas actuellement, éloigne au contraire nos systèmes alimentaires de la souveraineté alimentaire.
  • Pas moins de vingt-cinq facteurs influent sur la sécurité alimentaire parmi lesquels le changement climatique, la pollution environnementale, la santé des sols, la biodiversité, le commerce, la spéculation, le coût des intrants ou encore le prix de l’alimentation.
  • Il est impossible de produire en Europe les volumes de nourriture pour les animaux d'élevage, ce qui rend le continent dépendant des importations.

La crise de la Covid-19 en 2020 et la guerre en Ukraine en 2022 ont révélé les limites et les dépendances des systèmes alimentaires mondiaux. On voit depuis resurgir une notion issue des milieux altermondialistes : la souveraineté alimentaire. C’est un concept global où social, économie, politique et environnement sont étroitement mêlés.

Elle est même généreusement employée en de nombreuses occasions par différentes personnalités politiques. Depuis mai 2022, la souveraineté alimentaire a même droit à son ministère1, dont l'intitulé a été dicté par la FNSEA selon la presse agricole2. La souveraineté alimentaire, c’est quoi ?

La souveraineté alimentaire peut sembler facile à définir de prime abord, mais c’est plus compliqué qu’il n’y paraît. Pour la FNSEA, il s'agit surtout de politiques favorables à la productivité, impliquant des élevages intensifs3. De son côté, la Via Campesina, mouvement paysan à l’origine du terme – et dont fait partie la Confédération paysanne – parle plutôt d’une philosophie de vie4.

Pour simplifier, la souveraineté alimentaire est la capacité d’un pays à produire sur son sol les aliments nécessaires à sa consommation. C’est donc être en mesure de nourrir sa population et de contribuer équitablement à la coopération internationale.

La souveraineté alimentaire doit aussi avoir un caractère durable : étant donné l'urgence climatique à laquelle nous sommes confrontés, nous ne pouvons pas nous permettre de dévaster l’environnement au passage. Il faut donc notamment veiller à la part des protéines animales et des protéines animales dans notre consommation, ces dernières ayant des empreintes environnementales nettement plus fortes.

Est-ce que la France est souveraine d’un point de vue alimentaire ?

NON. La France a beau avoir la production agricole la plus élevée en Europe en valeur (76,3 milliards d’euros, 18,4 % de la valeur totale pour l’UE en 2020), elle a encore un certain chemin à parcourir avant d’accéder à un système alimentaire durable. Pourtant, il existe des stratégies simples mais particulièrement efficaces à déployer, parmi lesquelles figure la végétalisation de l'alimentation.

Le CNRS a développé un scénario réaliste qui permettrait « de renforcer l’autonomie de l’Europe entière, de nourrir la population attendue en 2050, d’exporter encore des céréales vers les pays qui en ont besoin pour l’alimentation humaine, et surtout de diminuer largement la pollution des eaux et les émissions de gaz à effet de serre par l’agriculture5. »
Parmi les leviers de ce scénario : une consommation de viande diminuée de moitié, des rapprochements culture/élevage, et davantage de légumineuses cultivées. Les cultures de légumineuses apporteraient de l’azote au sol et donc la possibilité de se passer des engrais azotés.

La dépendance à la Russie pour les engrais azotés

L’azote est un élément essentiel à la croissance des plantes. Il peut être apporté aux sols de différentes manières, mais ce sont les engrais azotés qui ont le plus d’influence sur les rendements agricoles. Cependant, la guerre en Ukraine a fait exploser les prix de ces engrais. Pourquoi ? Parce que d’une part leur production demande beaucoup d’énergie, dont les coûts augmentent, et d’autre part la Russie est le deuxième exportateur mondial d’engrais6.

Selon l’INRAe, La maîtrise des flux d’azote7 serait aussi un élément essentiel pour le développement de l’agriculture biologique, parce qu'elle n'autorise pas l'utilisation d'engrais azotés de synthèse, ce qui est un facteur très limitant pour ses rendements8. Cela corrobore ainsi le scénario du CNRS évoqué précédemment.

Pour aller plus loin sur les engrais azotés

Les surfaces agricoles

L’impact environnemental de l’alimentation peut se mesurer par le poids de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et ses conséquences sur la biodiversité, mais il est aussi possible de la mesurer par son « empreinte sol ». L’ADEME9 et Solagro10 ont tous deux réalisé des études dont les résultats convergent.

Selon l’ADEME, l’empreinte sol varie surtout en fonction de la part de produits animaux :

La surface agricole mobilisée par an, de gauche à droite : 1 300 m2 par un végétalien, 4 300 m2 par un Français moyen (107 g de viande par jour), 6 000 m2 par un gros mangeur de viande (170 g par jour).

Cependant, ces surfaces ne se situent pas forcément intégralement en France. On parle alors de surfaces importées. Les chiffres sont frappants : alors que la viande représente 8 % de nos importations d'aliments en tonnes, elle monopolise 40 % des surfaces importées, dont 1,6  million d’hectares pour les tourteaux de soja.

De son côté, Solagro a estimé la part importée de l’empreinte sol à 38 %, ce qui est très proche. Cela signifie que 38% de la surface nécessaire pour produire l'alimentation des français est ailleurs qu'en France Ainsi, dans une étude comme dans l’autre, plus du tiers des surfaces dédiées à notre alimentation sont importées, dont une majeure partie dédiée aux produits animaux via l’alimentation animale.

L’exemple du soja est particulièrement parlant : pour produire en France les 3,5 millions de tonnes de soja importées chaque année pour nourrir les animaux d’élevage, 11 980 km² supplémentaires seraient nécessaires, ce qui équivaut à la surface de plusieurs départements français11.

Les légumineuses au cœur des enjeux

La France est en 2020 le premier pays européen producteur de céréales et la 7e mondiale mais malgré cette force de production, elle reste très dépendante d’autres pays notamment pour la production de légumineuses comme le soja, principalement utilisé pour l’alimentation animale. En 2018, la France était le 8e pays importateur au niveau mondial de soja brésilien et le 3e au sein de l'Union européenne. Cela représente plus de 2 000 000 de tonnes alors que la consommation humaine de soja (principalement produit en France et Europe) ne représente que 60 000 tonnes12.

La France a mis en place 2014 un « plan protéines végétales13 » pour produire des fourrages sur son sol. Ce plan est aussi censé « accompagner le consommateur vers des modes alimentaires plus riches en protéines végétales » mais dans les faits, le ministère de l’Agriculture s’est à ce jour opposé au moindre repas sans viande dans les cantines14. En 2018, L'Assemblée nationale avait donné son feu vert à "l'expérimentation" d'un menu végétarien dans les cantines scolaires malgré l'avis défavorable du gouvernement15.

Les importations, où en est-on ?

La France est dépendante pour des matières agricoles comme les tourteaux d’oléagineux, particulièrement de soja. En 2018, c’est plus de 3,5 millions de tonnes de graines et de tourteaux de soja qui ont été importés, dont plus de la moitié en provenance du Brésil16.

Cette dépendance n’est pas limitée au soja : l’Ukraine a été le 1er fournisseur de la France en tourteaux de tournesol (50 % de parts de marché) en 2021. La Russie a été le 2e fournisseur de la France en tourteaux de colza (37 % de parts de marché) la même année.

Tous ces tourteaux sont exclusivement destinés à l'élevage

.

Élever localement des animaux mais les alimenter avec des matières premières importées ne permet pas d'assurer la souveraineté alimentaire. À plus forte raison lorsque ces matières premières sont obtenues par de la déforestation et des violences sur les populations locales17. Le marché des micro-éléments (vitamines, minéraux) qui sont donnés aux animaux d’élevage est quant à lui dominé par la Chine18.

La dépendance est aussi marquée pour la viande. Depuis 2014, la production française ne permet plus de répondre à la demande. Alors que la France exporte 30,5 % de sa production de poulet, elle importe 41,6 % du poulet consommé, contre 24,2 % en 200019. En 2022, près d’un poulet sur deux consommé en France est importé20.

D’une manière générale, près de 30 % des viandes consommées en France ont été importées en 2020 : plus de la moitié de la viande de mouton et entre 20 et 30 % des viandes bovines et porcines.

Les conséquences du commerce international

Fin 2019, la peste porcine africaine (PPA) a contraint la Chine à importer des cochons (dont des cochons français et espagnols) mais aussi du maïs, du soja, du blé, pour nourrir son cheptel à reconstituer22. Ces importations ont participé à tendre les marchés des céréales de par leur volume important d’animaux à nourrir23.

Les exportations au détriment des productions locales ?

On entend souvent parler de concurrence déloyale pour les produits alimentaires importés en France, on entend moins souvent parler des conséquences de l'exportation de produits européens.

L’Afrique est un immense marché naissant. La presse africaine parle de guerre de la volaille. La viande de volaille congelée importée d’Europe, du Brésil ou des États-Unis inonde les marchés africains depuis une dizaine d’années. Près de 2 millions de tonnes sont vendus chaque année sur les étals du continent à des prix bradés, entre deux et quatre fois moins élevés que ceux de la volaille fraîche locale24.

Cette concurrence subventionnée vient fragiliser et parfois même détruire les filières locales, rendant certains pays largement dépendants des importations. Ces derniers se retrouvent en danger de crise alimentaire en cas d'instabilité géopolitique25. On voit donc des filières d’élevage européennes chercher des débouchés au détriment de la souveraineté alimentaire des pays d’Afrique, ce qui peut faire penser à une forme de colonialisme alimentaire.

Certains volaillers français ont leur part de responsabilité dans ce domaine. En 2020, le groupe Doux, aujourd’hui racheté par LDC, a été condamné pour avoir exporté des poulets congelés avec une teneur en eau supérieure aux normes européennes. Il avait perçu plus de 80 millions d'euros de subventions à l'exportation26.

L’Afrique consomme aussi de plus en plus de céréales importées au détriment des variétés locales, plus adaptées au climat27.

Les facteurs influant sur les cours

Il n’existe pas d’autorité décidant des prix des denrées alimentaires. Les prix se négocient en fonction des circonstances, en premier lieu de l’offre et de la demande. Les aides publiques (subventions) permettent de tirer les prix vers le bas tandis que d’autres événements peuvent quant à eux tirer les prix (ou au moins le coût de production) vers le haut : la guerre en Ukraine, les aléas climatiques, les épidémies animales et la spéculation.

L’offre peut être insuffisante, en premier lieu en raison de la météo. En 2021, le rendement des plus grands exportateurs de blé mondiaux n'a pas été au rendez-vous. Loin d'être un cas isolé, ces mauvaises récoltes pourraient se répéter de plus en plus fréquemment à l'avenir : le GIEC a alerté sur les conséquences du réchauffement climatique qui rendra les récoltes plus incertaines28.

La guerre en Ukraine vient elle aussi diminuer l’offre, la Russie et l’Ukraine représentant 30 % des exportations de blé dans le monde. Ces événements, combinés à la spéculation, entraînent une hausse record du prix des céréales qui se répercute sur les élevages, notamment de cochons29,30.

Dans une économie mondialisée, les cours des aliments sont liés entre eux

Des économistes ont estimé le prix des denrées alimentaires en 2030. Ils ont comparé un scénario où la demande de viande dans les pays développés (OCDE) diminuerait de 50 % par rapport à l'an 2000, avec un scénario où la Chine et le Brésil sont inclus dans cette diminution31.

Dans ce second scénario, la baisse de la demande de viande dans les pays de l'OCDE, la Chine et le Brésil entraînerait :

Une baisse de presque la moitié du prix des aliments d’origine animale, ce qui conduirait à une augmentation de leur consommation dans les pays en voie de développement de 35 %. Mais globalement, la consommation mondiale de viande baisserait tout de même de 20 %.

La baisse de 20 % de la production mondiale de viande entraînerait une baisse du prix de nombreux aliments d’origine végétale. Par exemple, les prix du manioc et du blé baisseraient de 7 %, le prix des patates douces de 10 %, celui du maïs, de l’orge, du sorgho, de l’avoine et du millet de 20 %, celui des tourteaux d’oléagineux (soja, tournesol, palme, etc.) de 21 %.

Conséquences : la ration calorique par habitant augmenterait dans les pays en développement, notamment en Afrique subsaharienne (+81 calories par personne et par jour). Le nombre d’enfants en bas âge souffrant de malnutrition diminuerait de 2,2 millions.

Cette simulation indique que la production de viande de l’Occident a bien un effet négatif sur la sécurité alimentaire des humains les plus pauvres de la planète.

Les facteurs influant sur la sécurité alimentaire et les leviers d'actions

Le service scientifique de la Commission européenne (CCR) a analysé les 25 principaux facteurs influant sur la sécurité alimentaire.32 parmi lesquels le changement climatique, la pollution environnementale, la santé des sols, la biodiversité, le commerce, la spéculation, le coût des intrants ou encore le prix de l’alimentation.

La végétalisation de l'alimentation y apparait nécessaire sous plusieurs aspects :

  • Les européens dépassent de 2 à 4 fois les recommandations de consommation de viande
  • Il est impossible de produire en Europe les denrées nécessaires à l'alimentation animale. Cela rend l'Europe dépendante des importations.

Il conclue que les choix d'alimentations sains ne dépendent pas des individus mais de leur environnement : c'est à dire les politiques publiques et les filières agroalimentaires.

Bibliographie

  1. « Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire », agriculture.gouv.fr, 20 mai 2022.
  2. Marchand N., « Qui est Marc Fesneau nommé ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ? », Réussir, 20 mai 2022.
  3. FNSEA, « Manifeste pour une souveraineté
    alimentaire solidaire », 6 mai 2020
  4. Via Campesina, « La Souveraineté Alimentaire, un manifeste pour l’avenir de notre planète », 13 octobre 2021
  5. « Une agriculture biologique pour nourrir l'Europe en 2050 », cnrs.fr, 18 juin 2021.
    Voir aussi Nathalie M., « Une Europe bio et autosuffisante en 2050 c'est possible, selon le CNRS », Réussir Bio, 21 juin 2021.
  6. Girard L., « La dépendance du marché des engrais à la Russie met en danger la production céréalière », Le Monde, 14 avril 2022.
  7. L’apport d’azote, avec le phosphore et le potassium, est important pour la croissance des plantes
  8. « L'azote : un élément clé pour le développement de l'agriculture biologique », communiqué de presse, inrae.fr, 17 mai 2021.
  9. « Alimentation : quelle empreinte sur nos sols ? », ADEME magazine, février 2021.
  10. Solagro, « La Face cachée de nos consommations - Quelles surfaces agricoles et forestières importées? », 2022
  11. Stanghellini C., « Le soja, ennemi de la forêt brésilienne : quelle est l'implication de la France ? », TF1info.fr, 27 août 2019.
  12. Ibid.
  13. « Bâtir notre souveraineté alimentaire en protéines végétales », agriculture.gouv.fr.
  14. « Menus sans viande à la cantine : Denormandie persiste à dénoncer une “honte” », Le Point, 23 février 2021.
  15. « Un menu végétarien dans les cantines scolaires approuvé par l'Assemblée, contre l'avis du gouvernement », Huffington Post, 14 septembre 2018
  16. Voir 11
  17. Miñano L., Livolsi G. « Violence et déforestation, le prix du soja français », Disclose, 26 novembre 2020.
  18. Daguenet, J., « Micro-éléments : la domination écrasante de la Chine entraîne une volatilité extrême du marché », Porcmag, 16 mai, 2022
  19. Guyot V., « La France n'est plus autosuffisante en poulets », La France agricole, 18 juin 2021.
  20. Bon F., « Un poulet sur deux consommé en France est importé, les éleveurs français en reconquête », Ouest-France, 14 novembre 2021.
  21. FranceAgriMer, La Consommation de viande en France en 2020, juin 2021, 11 p., (p. 3).
  22. Violette C., « La Chine importe massivement des porcs, notamment de France, pour faire face à la demande », Ouest-France, 8 juillet 2021.
  23. « La consommation de blé par la Chine révisée à la hausse », Terre.net, 10 mars 2021.
  24. Beaubois-Jude A., Toulemonde M., « Poulet importé vs poulet local : la guerre de la volaille fait rage en Afrique », jeuneafrique.com, 13 janvier 2022.
  25. Labeyrie I., « Macky Sall en Russie : la voix de l'Afrique pour éviter la crise alimentaire », francetvinfo.fr, 3 juin 2022.
  26. « Doux condamné à rembourser 80 millions d'euros d'aides européennes », Capital.fr, 17 juillet 2020.
  27. Toulemonde M., « Comment sortir l'Afrique de sa dépendance aux céréales importées », jeuneafrique.com, 10 mars 2022.
  28. Ermenier K., « Rapport du GIEC : quelles conséquences pour le monde agricole ? », Process alimentaire, 29 octobre 2021.
    « 6e rapport du GIEC : quelles sont les conséquences réelles du changement climatique ? », RéseauActionClimat.org, 28 février 2022.
  29. Maheux M., « Les éleveurs de porcs français au bord de l'asphyxie en raison de la hausse record du prix des céréales », francetvinfo.fr, 4 mars 2022.
  30. Jung, J., « Guerre en Ukraine : les agriculteurs alsaciens dans une situation critique », francetvinfo.fr, 13 avril 2022.
  31. Msangi S., Rosegrant M., 2012. « Feeding the Future’s Changing Diets: Implications for Agriculture Markets, Nutrition and Policy », in : Shenggen F., Pandya-Lorch R., Reshaping Agriculture for Nutrition and Health, Washington : International Food Policy Research Institute.
  32. Centre commun de recherche de l’exécutif européen, Les moteurs de la sécurité alimentaire, 4 janvier 2023

Conditions de travail et santé des ouvriers d'abattoirs

  • Dans un abattoir industriel, on peut tuer jusqu’à 73 bovins et 840 cochons à l’heure, et environ 190 000 poulets par jour.
  • 9 employés sur 10 souffrent de troubles musculo-squelettiques.
  • Le nombre d’accidents du travail est 4 fois supérieur à la moyenne nationale.
  • En abattoir, le taux d’absentéisme est supérieur à 10 % (soit plus du double de la moyenne nationale).

Sauf mention contraire, cette page concerne les ouvriers et ouvrières d’abattoir, c’est-à-dire les personnes qui travaillent sur les chaînes d’abattage, de découpe et de conditionnement (à l’exclusion des personnels administratifs, dont les conditions de travail sont différentes).

Conditions de travail

Travailler dans le bruit, le froid et les odeurs

10 h dans la journée, debout, dans le froid, dans l’humidité, dans la merde, dans le gras, les odeurs. On finit la journée mais démoli, mais mort.
--
Mauricio Garcia-Pereira, lanceur d’alerte, ancien employé de l’abattoir de Limoges1.

Le bruit (cris d’animaux, de collègues, chocs et claquements d’outils ou autres éléments métalliques...) est « incessant à longueur de journée, mais jamais régulier2 », ce qui le rend particulièrement éprouvant et contribue de manière non négligeable à la fatigue ressentie par les employés. Le niveau sonore peut parfois dépasser les 100 décibels, ce qui équivaut au bruit d’un marteau-piqueur et représente un risque pour l’audition des employés3.

Au travail, le froid rend non seulement les mouvements difficiles (le corps se rigidifie), mais réduit également l’expressivité des travailleurs (difficultés à articuler et réduction des expressions du visage). Lors des déplacements internes ou lorsqu’ils quittent leur lieu de travail, les employés doivent supporter d’importants chocs thermiques (de l’ordre de 10 à 15 degrés). Plus inattendu, le froid peut également impacter la vie sociale et mentale des employés d’abattoir : « l’effet de “couperose” [...] éveillerait un sentiment de honte (surtout chez les femmes), parce que les commentaires entendus dans des lieux publics ou dans la rue renverraient – parfois explicitement – à l’image de femmes alcooliques4. »

De même avec les odeurs : si les employés s’y habituent assez rapidement, les difficultés viennent du fait que leur corps s’en imprègne, ce qui « instaurerait parfois une sorte de distance, de malaise avec des personnes extérieures à l’abattoir5 ».

Intensité et cadences

Le chronomètre est omnipotent.
--
M. Bourdassol, employé d’abattoir6

Les cadences dans les abattoirs industriels sont particulièrement soutenues. Si un abattoir « moyen » tue entre 45 et 50 bovins par heure7, les plus gros abattent, eux, jusqu’à 73 bovins et 840 porcs à l’heure8 et environ 190 000 poulets par jour9.

Vous ne pouvez pas être en retard sur une bête, parce que sinon, c’est toute la chaîne qui grippe.
--
Jean-Luc Souvestre, employé à l’abattoir de Vitré en Ille-et-Vilaine10.

« La concurrence par les prix, et la recherche permanente de gains de productivité qui l’accompagne, a des effets directs sur les conditions de travail et la santé des salariés11. »
Ainsi, la cadence est très souvent jugée « excessivement élevée » par les employés pour leur permettre de faire du « bon boulot ». D’autre part, elle est parfois considérée comme n’étant pas réellement nécessaire, ce qui peut créer un sentiment d’injustice chez les salariés, ainsi qu’une « robotisation » des opérations de travail, qui leur donne l’impression de travailler « comme des machines », « comme si on était du matériel humain12 ».

En plus de les épuiser, ces cadences effrénées ne permettent pas aux opérateurs de faire face à de potentiels débordements (réaction imprévisible d’un animal, défaut de matériel…). Le moindre grain de sable dans l’engrenage devient alors la source d’un stress considérable (et, dans bien des cas, d’une souffrance accrue pour les animaux).

Comment les tueurs supportent-ils cette violence quotidienne ? “On s’habitue” m’ont-ils répondu. L’habitude n’est pas ici synonyme d’insensibilité mais plutôt d’adaptation au dieu fou de l’abattoir : la cadence. Une vache abattue chaque minute. Ce rythme absurde engendre, entre mille joyeusetés, la maltraitance animale. Et humaine. Les deux sont indissociables.
--
Geoffrey Le Guilcher, Steak Machine13

Contraintes d'horaires et de rythme de travail

Parmi les salariés de production, « 62 % des hommes et 80 % des femmes ont ou ont eu dans le passé un travail posté avec horaires alternants14 », c’est-à-dire que leurs horaires de travail peuvent varier d’un jour ou d’une semaine à l’autre. Ils peuvent ainsi travailler très tôt le matin pendant quelques jours ou semaines, puis l’après-midi les suivants. Ce rythme irrégulier et souvent décalé ne favorise pas la vie de famille et peut avoir de sérieux effets sur la santé.

Ceux-ci peuvent aller de l’isolement social, professionnel et/ou familial à la dépression, en passant par des troubles du sommeil, des déséquilibres métaboliques et endocriniens ou encore une augmentation des risques cardio-vasculaires15.

À cela s’ajoute, pour le personnel en fin de chaîne, « l’impossibilité de prévoir précisément le moment de la fin de journée », en raison de la soumission de ces postes aux exigences de la ligne de production16. Cette imprévisibilité des horaires est également un facteur de mal-être au travail pour les employés.

Santé physique dégradée

Contraintes posturales

Au sein de la filière viande, la limitation des possibilités de se déplacer (postes fixes dans l'espace) contribue également à la pénibilité du travail. En abattoir, un opérateur sur quatre et près d’une opératrice sur deux ne se déplacent pas de plus d’un pas à leur poste, et un opérateur sur deux et trois opératrices sur quatre de plus de deux pas17.

Troubles musculo-squelettiques (TMS)

Le « principe de parcellisation des tâches et de simplification des gestes » que l’on observe dans les abattoirs (qui remonte aux grands abattoirs de Chicago18, ceux-là mêmes qui ont inspiré le fordisme au début du XXe siècle) donne lieu à des postes où les gestes répétitifs sont omniprésents, ce qui, à terme, peut causer des troubles musculo-squelettiques (TMS). L’intensité des gestes « est jugée forte pour 67,8 % des postes occupés par des hommes et 79,8 % des postes occupés par les femmes ». Par ailleurs, un homme sur quatre dans les filières bœufs et volailles et près d’une femme sur trois dans les filières porcs et volailles sont exposés au niveau de plus forte intensité (force 319).

Résultat : 9 travailleurs d’abattoir sur 10 auraient souffert d’au moins un TMS (tendinite, lombalgie, canal carpien…) au cours des 12 derniers mois. Ceux-ci « génèrent des douleurs constantes et peuvent aller jusqu’à des handicaps définitifs ».

Les abattoirs créent des handicapés.
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Une employée d’abattoir21.

Accidents du travail

On s’habitue à avoir mal. Personnellement, je souffre de problèmes de dos. J’ai dû avaler des quantités astronomiques d’anti-inflammatoires et ça me cause de gros soucis de santé aujourd’hui, à cause des effets secondaires. Je me suis aussi foutu un genou en l’air après avoir chuté d’une passerelle.
--
Jean-Luc Souvestre, employé à l’abattoir de Vitré en Ille-et-Vilaine22.

En moyenne, le nombre d’accidents du travail au sein de la filière viande (abattoirs, grossistes, grande distribution, transporteurs, bouchers...) est de 2 à 3 fois plus élevé que dans les autres activités. À des postes d’abattage et de découpe, le risque est encore plus important : il est 4 fois supérieur à la moyenne nationale des autres activités. On comptait ainsi 150 accidents avec arrêt pour 1 000 salariés en 2008, contre 38 pour la moyenne nationale23.

Les employés d’abattoir sont particulièrement exposés à des risques d’accidents graves (amputations, coupures, écrasements) liés aux machines et aux équipements qu’ils côtoient dans leur travail24. Perte d’un bras ou de son usage, mort d’un employé  les exemples tragiques ne manquent pas et alimentent régulièrement les rubriques « faits divers ».

Les couteaux sont l’outil de travail le plus répandu, mais, faute de formation et de temps, ceux-ci sont souvent mal entretenus. En effet, « différentes études ont mis en évidence que, dans la filière viande, plus de 60 % des couteaux utilisés coupaient mal25 ». En plus d’accroître la souffrance des animaux, cela favorise également l’apparition de TMS et les risques d’accidents du travail chez les employés d’abattoir : « dans la filière, 33 % des accidents du travail sont liés à l’utilisation de couteaux26. »

Enfin, les glissades et les chutes de plain-pied, dues notamment à la présence de sang, d’excréments, de gras ou d’eau sur le sol, représentent quant à elles 20 % des accidents avec arrêts.

Santé psychique en danger

Tuer avec compassion

Qu’est-ce qui est le plus dur au début ? Bah, c’est de se dire qu’il y a des bêtes qui [...] attendent qu’on arrive pour mourir quoi. Psychologiquement, c’est ce qu’il y a de plus dur.
--
Jérôme Chevallier, tueur d’animaux à l’abattoir d'Autun dans le Morvan27.

Le travail en abattoir est émotionnellement très éprouvant. En effet, on demande à ces hommes et ces femmes de mettre à mort des êtres qui ne veulent pas mourir, de transformer leurs corps en produit prêt à consommer, le tout comme s’il s’agissait d’un simple geste technique. Transformer un animal en viande se devrait d’être aussi neutre et détaché de considération morale que le travail dans n’importe quelle industrie.

Or, le respect du « bien-être animal » – que l’on exige également des ouvriers – entre en contradiction directe avec la raison d’être même des abattoirs. Les normes du « bien-être animal » réintroduisent l’animal et sa sensibilité dans un système qui tend à les faire disparaître. Les employés d’abattoirs se retrouvent ainsi face à des injonctions paradoxales : tuer vite, toujours plus vite, avec du matériel de surcroît souvent défaillant, mais avec compassion, sans faire souffrir ! Il n’est donc pas étonnant que des travailleurs se retrouvent en situation « de conflits éthiques et/ou de qualité empêchée28 ».

Catherine Rémy, chercheuse au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), soulignait d’ailleurs ce paradoxe intenable lors de la Commission d’enquête sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français : « dans un contexte d’abattoir industriel, j’insiste sur la difficulté de demander aux ouvriers de développer un sentiment de compassion pour des animaux alors qu’ils ont précisément pour tâche de mettre à mort en série des êtres interchangeables et anonymes. [...] La compassion n’a pas sa place dans le dispositif tel qu’il existe29. »

Des études montrent que pour faire face à ces conflits internes, les employés d’abattoirs ont recours à « un processus psychologique de “déni” de réalité30 ».

Une compétence que l’on acquiert lorsqu’on travaille en abattoir, c’est la dissociation. On apprend à devenir indifférent à la mort et à la souffrance. Au lieu de penser aux vaches comme à des êtres entiers, on les compartimente en parties du corps comestibles et commercialisables. Ça ne sert pas qu’à faciliter le travail : c’est indispensable pour survivre.
--
Une employée d’abattoir au Royaume-Uni.

Mais en dépit de ces « mécanismes de défense psychologique », il y a toujours des choses qui ne passent pas et restent intolérables pour les employés d’abattoir, par exemple l’abattage des chevaux, animaux au statut hybride, tantôt d’élevage ou de compagnie. Catherine Rémy raconte ainsi qu’au cours d’une enquête sociologique en abattoir, elle n’a « pas repéré d’expression de compassion de la part des tueurs, au moment de la mise à mort aussi bien qu’au cours de [ses] discussions avec eux, sauf une fois, lors de l’abattage de chevaux – animal très rarement tué dans cet abattoir –, le tueur n’ayant pas pu faire son travail et ayant dû sortir de l’espace de la mise à mort. » Selon elle, « cette réaction témoigne de la difficulté des hommes à accomplir leur métier de tueur à la chaîne31 ».

On n'aime pas ça. On est comme tout le monde, on aime les bêtes. On a beau travailler dans un abattoir, il y a des choses qui sont compliquées...
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Joël Coste, responsable de la production à l’abattoir d’Ussel en Corrèze, à propos d’un cheval amené à l’abattoir32.

Contact quotidien avec la souffrance des animaux et confrontation à la violence de leur mise à mort, peur de l’accident ou de la sanction33… Ces facteurs font que 40 % des hommes et 45 % des femmes déclarent faire face à un travail à forte charge psychologique34.

Rapports sociaux au travail

Relations entre collègues et avec la hiérarchie

Le rapport STIVAB (Santé et travail dans l’industrie de la viande de l’agriculture bretonne), sans doute l’enquête la plus complète sur les conditions de travail en abattoir en France, décrit un « manque d’amabilité » général au sein des équipes interrogées : « La première manifestation des effets du travail sur le vécu des salariées et des salariés à laquelle on est confronté directement au cours des réunions, c’est la tension nerveuse, l’irritabilité et l’irascibilité des personnes présentes35. »

Au sein des équipes, les enquêteurs relèvent un « manque de coopération et de toute forme de véritable solidarité36 ». Tandis qu’entre les équipes de travail, « les salariés se considèrent [...] mis en concurrence par les méthodes managériales, qui introduiraient des rivalités, des inégalités de traitement, des compétitions chiffrées de rendement37 ». Ainsi, 49 % des salariés considèrent avoir peu de soutien social au travail, et 58 % des salariées. L’abattoir apparaît donc comme un lieu de travail violent et anxiogène, décrit comme une « savane » où règne le « chacun pour soi » et où certains ont l’impression de se faire insulter pour « rien ».

Si ces relations de travail dégradées entre collègues et avec la hiérarchie « trouveraient leur source, d’une part dans les conditions de travail pénibles, qui solliciteraient les limites de tolérance physiques et psychiques, et d’autre part dans l’organisation du travail qui orienterait la décharge de la tension nerveuse vers la voie des rapports interpersonnels41 », elles s’inscrivent dans une problématique plus large de reconnaissance au travail.

Reconnaissance au travail

« Lorsque le sens du travail n’est pas accessible, la fatigue s’accumule [...] : elle devient alors le lit de la démotivation, de l’autodévalorisation, de la maladie42. » De manière générale dans les abattoirs, « un déficit de reconnaissance du travail est mis en évidence43. »

Étant donné les tensions entre collègues et avec la hiérarchie, difficile pour les employés de trouver de la reconnaissance de ce côté-là. Difficile également d’en trouver dans la qualité de son travail, sachant qu’environ 35 % des hommes et 45 % des femmes considèrent qu’ils ne disposent pas de moyens suffisants pour effectuer un travail de qualité44.

Ce manque de reconnaissance au travail « envenime les rivalités, aggrave le “chacun pour soi” et installe l’individualisme ». Il peut également provoquer un sentiment d’injustice, de la frustration, voire de la colère s’il est considéré comme infondé, mais aussi une perte d’assurance s’il semble justifié. Dans les deux cas, ces interprétations peuvent avoir des conséquences néfastes pour la santé des salariés45.

Dépression

De manière générale, les contraintes psychosociales sont plus élevées pour les salariés qui travaillent sur les chaînes d’abattage et de découpe que pour les personnels administratifs : les premiers doivent faire face à une « [charge] psychologique plus forte, [une] latitude décisionnelle plus faible, [un] soutien social au travail plus faible et [une] tension au travail plus fréquente ». Les femmes sont également plus affectées que les hommes46.

Ainsi, on note qu’en moyenne 11,3 % des hommes et 10,4 % des femmes présentent des symptômes de dépressivité47. À titre de comparaison, dans la population française, 7,5 % des 15-85 ans auraient vécu un épisode dépressif en 201048. Certains facteurs ont un effet particulièrement marqué sur la fréquence de dépressivité observée : elle « est par exemple multipliée par deux parmi les salariés estimant disposer de moyens insuffisants pour effectuer un travail de qualité, chez les hommes (38 % versus 12 %) comme chez les femmes (30 % versus 14,5 %49) ».

Parce qu’ils « ne semblent pas espérer que ces conditions puissent réellement s’améliorer », les salariés mettent en place des stratégies défensives inconscientes qui « ont pour objectif de gommer ce qui fait souffrir dans la perception de la situation où l’on se trouve, pour s’assurer de persévérer dans le travail tout en protégeant sa santé50 ». Parmi celles-ci, on observe une « tendance à mettre en cause des personnes plutôt que les modalités du travail » ou à « se prétendre assez “fort” pour être “au-dessus” des difficultés » (l’idée qu’« on s’habitue » revient régulièrement dans les discours).

Une autre de ces stratégies mentales que l’on rencontre régulièrement, c’est la fragmentation des représentations, ce « déni de réalité » que l’on évoquait plus haut. Les enquêteurs du rapport STIVAB citent par exemple la prise de conscience d’une personne à l’issue d’un exercice effectué à partir de plans de l’abattoir. Celle-ci s’est soudain exclamée : « C’est quand même incroyable ce qu’on fait ici : le matin les bêtes arrivent vivantes par ici et repartent le soir en barquette par là ! ». Comme nombre de ses collègues, elle avait effectué un « processus de répression de la représentation de l’animal et de sa mise à mort51 ».

Malgré tout, ces stratégies défensives ne sont pas toujours, ou pas entièrement efficaces. Elles peuvent « échouer en cas de forte perturbation, et mettre une personne dans l’impossibilité de travailler, sauf à compromettre sa santé52. » Dans tous les cas, elles mobilisent un travail mental considérable qui, au même titre que les conditions de travail, participe de la fatigue chronique et de la tension nerveuse des employés d’abattoir.

Ainsi, on peut difficilement s’étonner que les salariés aient recours à « une consommation considérable de médicaments “pour les nerfs”, qu’ils associent nettement à leur travail. » Ni que certains optent pour d’autres substances. La journaliste Bérangère Lepetit, autrice d’Un séjour en France53, récit de son immersion dans un abattoir breton, raconte que : « L’alcool aussi est un exutoire important. [...] Je n’ai pas vu moi-même d’ouvriers en train de boire mais cela se comprenait à l’élocution, et certains sentaient l’alcool. On m’a beaucoup parlé de ce phénomène d’alcoolisme54 ». Quant au journaliste Geoffrey Le Guilcher, il a « eu accès “à l'underground de l'abattoir” : alcool, joints, LSD… » En résumé, « dans cet établissement où on tue deux millions d'animaux par an, “si tu ne te drogues pas, tu ne tiens pas55 ».

Tout le monde boit ou se drogue pour tenir, j'ai vu quelqu'un se faire un rail de coke à 6 heures du matin.
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Mauricio García Pereira, lanceur d’alerte, ancien employé de l’abattoir de Limoges56.

Faire carrière en abattoir ?

Sécurité de l’emploi et perspectives de carrière

Les salariés ont peu (voire pas) de perspectives d’évolution de carrière57. En conséquence, « le score moyen de satisfaction concernant les salaires et les perspectives de promotion, compte tenu des efforts effectués dans le travail, est inférieur à 30 pour les hommes et à 25 pour les femmes sur un maximum de 10058 ».

D’autre part, étant donné l’extrême pénibilité de leur travail, nombre de salariés seront contraints d’arrêter leur travail à cause des troubles musculo-squelettiques ou finiront par être déclarés inaptes59. « Beaucoup n'arrivent pas jusqu'à la retraite en bon état », a ainsi déclaré Dominique Douin, salarié du groupe Bigard60. « Déjà à 45-50 ans, on a des salariés qui partent en licenciement pour inaptitude. Et quand on est en inaptitude dans l'agroalimentaire, pour retrouver un emploi ailleurs, c'est très compliqué. »

[Les] chefs ne tolèrent pas les arrêts maladie trop fréquents et contestent le moindre accident de travail. Peu d’ouvriers franchissent la cinquantaine en bonne santé. Même lorsqu’ils sont usés, la hiérarchie ne reconnaît pas toujours l’origine professionnelle de leurs maladies. Les boss tirent profit de leurs gros bras, comme avec les animaux, jusqu’à l’os.
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Geoffrey Le Guilcher, Steak Machine61.

Travailleurs précaires

Conditions de travail éreintantes, pénibilité physique et morale, horaires décalés, manque de reconnaissance et d’attractivité de la profession… Tous ces facteurs font que les abattoirs ont un turnover (renouvellement du personnel) important et un taux d’absentéisme élevé. Ainsi, en abattoir, il manque régulièrement plus de 10 % du personnel62, soit plus du double de la moyenne nationale63.

Pour certains, c’est rare qu’ils tiennent un mois sans être absent. En deux ans on n’a pas connu une journée où l’on était en effectif complet.
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Jean-Luc Souvestre, employé à l’abattoir de Vitré en Ille-et-Vilaine64.

Ce travail dont personne ne veut, ce sont donc bien souvent les plus fragilisés qui sont contraints de le faire, ceux qui n’ont pas d’autre choix (personnes en difficultés financières, migrants, parfois sans papiers). En abattoir, 40 % des travailleurs sont intérimaires65, ce qui permet de « combler [les] besoins de main-d’œuvre précaire ». Ainsi, on observe que, « dans les abattoirs bretons, une partie des travailleurs locaux tend à être remplacée par des travailleurs migrants ou déplacés, originaires d’Europe de l’Est, du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne [...] garantissant tantôt une augmentation de la cadence tantôt la réalisation d’un travail qu’une partie des chômeurs “autochtones” ne souhaitait plus faire66 ».

Ils placent les Polonais aux postes où les Français ne veulent pas être, aux tâches les plus ingrates.
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Marek, Polonais, employé d’abattoir67.

Ressources

Ma vie toute crue, de Mauricio Garcia Pereira (éditions Plon, 2018)
Mauricio a travaillé pendant près de 7 ans à l’abattoir municipal de Limoges. Lanceur d’alerte, il a dénoncé l’abattage des vaches gestantes. Dans ce livre, il témoigne de la violence des abattoirs dont sont victimes les animaux comme les humains.
Regarder l’entretien du Parisien avec Mauricio Garcia Pereira
Regarder l‘entretien de Konbini avec Mauricio Garcia Pereira

Le Peuple des abattoirs, d’Olivia Mokiejewski (éditions Grasset, 2017)
Pour ce livre, Olivia Mokiejewski a passé quelques jours à travailler en abattoir. À son récit se mêlent portraits, rencontres et témoignages de cette foule anonyme qui travaille chaque jour au milieu du sang et des viscères.
Lire un extrait

Steak Machine, de Geoffrey Le Guilcher (éditions Goutte d’Or, 2017)
Pour se faire embaucher dans un abattoir breton où il passera 40 jours, le journaliste Geoffrey Le Guilcher soumet un faux CV, un faux prénom et se rase le crâne. Dans la veine du journalisme gonzo, il raconte son immersion auprès de ses collègues provisoires qui forment cette « Steak Machine » à la cadence infernale.
Lire notre note de lecture

À l’abattoir, de Stéphane Geffroy (éditions Seuil, 2016)
Stéphane Geffroy a travaillé pendant plus de 25 ans dans un abattoir, à la « tuerie », cette étape taboue que l’on dissimule aux regards. Le récit d’une histoire personnelle marquée par un travail éprouvant, qui use trop vite le corps et l’esprit, mais aussi celui d’un engagement syndical qui permet à l’auteur de tenir debout malgré tout.

Un séjour en France, de Bérangère Lepetit (éditions Plein Jour, 2015)
Journaliste économique au Parisien, Bérangère Lepetit a travaillé un mois incognito à l’abattoir Doux, à la section du conditionnement des poulets. Elle y découvre un monde à part, où 27 nationalités sont représentées.
Lire notre note de lecture

Saigneurs, de Raphaël Girardot et Vincent Gaullier (2017)
Douze mois dans le froid d’un abattoir de Bretagne de 1 000 employés. On y tue 500 bovins et 1 400 agneaux par jour sur les quatre chaînes d’abattage : une carcasse de bœuf y passe toutes les minutes, un cadavre de mouton toutes les 20 secondes. Pour les travailleurs, seulement 9 minutes de pause toutes les 3 heures. « Un film sur les ouvriers, avec les ouvriers. »
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Entrée du personnel, de Manuela Frésil (2011)
Réalisé à partir de récits de vie d’employés, Entrée du personnel nous plonge dans la routine éreintante des abattoirs industriels. Le long des chaînes de découpe et d’emballage de la viande, on découvre les conditions de travail des ouvriers (gestes répétitifs, pénibilité, accélération des cadences…), mais aussi leurs conséquences (usure physique et psychologique, précarité…).
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1. « Ouvriers d'abattoirs : des bourreaux ou des hommes ? », Envoyé spécial, France 2, 16 février 2017.
2. STIVAB (Santé et travail dans l’industrie de la viande de l’agriculture bretonne), 2005. Échec et réussite de la fidélisation des salariés aux postes de la filière viande bretonne : interroger le travail et la santé pour agir, mai 2005, 109 p. (p. 42).
3. Meysenq L., 2017. « "On ne peut pas bien faire notre travail dans ces conditions" : le difficile quotidien des ouvriers d'abattoirs », France Info, 18 juin 2017.
4. STIVAB, 2005 (p. 42).
5. STIVAB, 2005 (p. 42).
6. STIVAB, 2005 (p. 41).
7. Sénat, 2013. Rapport d'information fait au nom de la mission commune d'information sur la filière viande en France et en Europe : élevage, abattage et distribution, 518 p. (p. 341).
8. ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail), 2018. L’Amélioration des conditions de travail aux postes de bouverie et de tuerie en abattoirs de boucherie, février 2018, 28 p. (p. 7).
9. Sartoux E., 2019. « Leurs vies, un an après la fermeture de l’abattoir de Doux en Vendée », Ouest France, mars 2019.
10. Souvestre J.-L., 2017. « Ouvrier en abattoir, je voudrais que la pénibilité de mon travail soit vraiment reconnue », L’Obs Le Plus, 8 mars 2017.
11. ANACT, 2018 (p. 8).
12. STIVAB, 2005 (p. 41-42).
13. Le Guilcher G., 2017. Steak Machine, éditions Goutte d’Or, Paris, 200 p. (p. 13).
14. STIVAB, 2005 (p. 39).
15. Ministère du Travail, 2011. « Équipes successives alternantes », travail-emploi.gouv.fr, 27 mai 2011 (mis à jour le 1er août 2017).
16. STIVAB, 2005 (p. 41).
17. STIVAB, 2005 (p. 26).
18. Voir à ce sujet le roman La Jungle d’Upton Sinclair (1906), qui raconte les conditions de travail et de vie effroyables des ouvriers des abattoirs, un récit poignant qui fit scandale lors de sa parution.
19. STIVAB, 2005 (p. 37).
20. Le Guilcher G., 2017. « Le rapport censuré sur les abattoirs bretons », StreetPress, 2 février 2017.
21. STIVAB, 2005 (p. 68).
22. Souvestre J.-L., 2017. « Ouvrier en abattoir ».
23. INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles), « Filière viandes. Prévention dans l’industrie et l’artisanat de la viande et des produits carnés », inrs.fr.
24. INRS, « Filière viandes. Prévention ».
25. INRS, 2003, « Évaluer les risques professionnels en abattoir et atelier de découpe. Aide à la rédaction d'un document unique », 64 p. (p. 19).
26. INRS, 2003, « Évaluer les risques professionnels en abattoir et atelier de découpe » (p. 19).
27. « Ouvriers d'abattoirs : des bourreaux ou des hommes ? », Envoyé spécial, France 2, 16 février 2017.
28. ANACT, 2018 (p. 9).
29. Assemblée nationale, 2016. Rapport fait au nom de la commission d’enquête sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français, Tome II : Compte rendus des auditions, 574 p. (p. 304-305).
30. ANACT, 2018 (p. 10).
31. Assemblée nationale, 2016. Rapport fait au nom de la commission d’enquête sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français, Tome II (p. 304).
32. Bouctot R., « “On ne tue pas pour le plaisir” : dans le quotidien des ouvriers des abattoirs d’Ussel (Corrèze) », La Montagne, 14 mars 2020.
33.ANACT, 2018 (p. 9).
34. Morisseau P., Pornin A., 2011. STIVAB, une étude pluridisciplinaire sur la santé et les conditions de travail dans la filière viande bretonne. Quelles difficultés à mettre en débat les résultats et à passer de l’étude à l’action ?, communication donnée lors du 3e Congrès francophone sur les troubles musculosquelettiques, Grenoble, 26-27 mai 2011, 8 p. (p. 5).
35. STIVAB, 2005 (p. 44).
36. STIVAB, 2005 (p. 44).
37. STIVAB, 2005 (p. 44).
38. STIVAB, 2005 (p. 54).
39. STIVAB, 2005 (p. 45).
40. STIVAB, 2005 (p. 44).
41. STIVAB, 2005 (p. 46).
42. STIVAB, 2005 (p. 55).
43. STIVAB, 2005 (p. 56).
44. STIVAB, 2005 (p. 54).
45. STIVAB, 2005 (p. 55).
46. Morisseau P., Pornin A., 2011. STIVAB, une étude pluridisciplinaire (p. 5).
47. STIVAB, 2005 (p. 65).
48. « Les chiffres et statistiques de la dépression en France et dans le monde », la-depression.org, mis à jour le 21 février 2019.
49. STIVAB, 2005 (p. 66).
50. STIVAB, 2005 (p. 75).
51. STIVAB, 2005 (p. 76).
52. STIVAB, 2005 (p. 76).
53. Lepetit B., 2015. Un séjour en France. Chronique d’une immersion, éditions Plein Jour, 160 p.
54. Lepetit B., 2016. « Être ouvrière à l’abattoir breton Doux », interview de Bérangère Lepetit, propos recueillis par Justine Sisman, Pour, n° 229, vol. 1, 2016, p. 101-108.
55. Mahé Desportes L, 2017. « Alcool, drogue : quand l'organisation du travail pousse les salariés à consommer », editions-legislatives.fr, 17 novembre 2017.
56. Meysenq L., 2017. « "On ne peut pas bien faire notre travail dans ces conditions" ».
57. ANACT, 2018 (p. 9).
58. STIVAB, 2005 (p. 54).
59. ANACT, 2018 (p. 9).
60. Lecalot G., 2019. « “La plupart des salariés partent complètement cassés avant l'âge” : dans cet abattoir, on se prépare aussi à la grève », France Info, 4 décembre 2019.
61. Le Guilcher G., 2017. Steak Machine (p. 13).
62. INRS, 2003, « Évaluer les risques professionnels en abattoir et atelier de découpe » (p. 11).
63. « L'Absentéisme des salariés français en augmentation en 2017 », L’Express, 6 septembre 2018.
64. Souvestre J.-L., 2017. « Ouvrier en abattoir ».
65. Djabali N., 2017. « “Tuerie” pour animaux, souffrance des travailleurs : “Il faut briser l’omerta qui règne dans les abattoirs” », Basta, 23 mai 2017.
66. Tersigni S. et Souchard N., 2013. « Entre captation et subjectivation, travailleurs migrant(e)s et travailleurs délocalisé(e)s dans les abattoirs bretons », Hommes & Migrations, n° 1301, 2013, p. 89-96.
67. Tersigni S. et Souchard N., 2013. « Entre captation et subjectivation ».

Les émissions de gaz à effet de serre dans le monde

Un rapport du GIEC de 2014 fait l'inventaire des émissions de GES dans le monde. Voici un schéma synthétique :

Les émissions de gaz à effet de serre dans le monde

Il s'agit des émissions totales de GES d'origine anthropique, en gigatonnes équivalent CO2 par an et par secteur économique. Le cercle intérieur représente les émissions directes des cinq grands secteurs émetteurs en 2010 :

  • AFOLU : Agriculture, forestry and other land use. Inclut l'agriculture, l'élevage, l'exploitation forestière, la déforestation/reforestation. La contribution de l'élevage à AFOLU est difficile à estimer car elle n'est pas spécifiée dans le rapport. On peut toutefois y lire que les émissions directes de l'élevage (fermentation entérique et gestion des déjections) contribuent pour moitié aux émissions agricoles.
  • L'industrie : industrie lourde (métallurgie, sidérurgie, pétrochimie...) et industrie manufacturière
  • Les transports : aérien, maritime et terrestre (route et rail).
  • Le bâtiment : inclut la construction, l'entretien et le chauffage
  • L'énergie hors chauffage et électricité : ce secteur inclut les émissions liés à l'extraction des combustibles fossiles (comme les fuites de méthane ou le brûlage des gaz au torchère au dessus des puits de pétrole), le raffinage du pétrole, la production de charbon ou autres combustibles solides (biomasse).

Pour avoir la contribution totale d'un secteur, il suffit d'additionner émissions directes et émissions indirectes. Le 1er secteur émetteur est l'industrie (32 %), le 2e AFOLU (25 %), le 3e les bâtiments, chauffage inclut (18,5 %).

Les calculs de l'IPCC ne sont pas fondés sur une approche type « cycle de vie » : cela signifie que les transports et l'énergie alloués aux productions animales ne sont pas pris en compte dans les estimations agricoles, par exemple.

Les émissions de GES en France.

Les recommandations des experts de l'environnement sur la réduction de la consommation de viande.

13 juin

Logo de France 3

Documentaire

"Adieu veau, vache, cochon, couvée" , diffusé sur France 3 mercredi 13 juin, a suscité de nombreuses réactions et a poussé le débat sur le modèle agricole et alimentaire français.

→ Voir le documentaire (pendant 7 jours).

Lettre ouverte au ministre de l'Agriculture

Le 21.11.2011

   Monsieur le Ministre,

Le décret et l’arrêté sur la restauration scolaire du 30 septembre dernier ont suscité l’indignation de citoyens attachés au respect de la liberté de conscience, et de citoyens soucieux de voir notre pays évoluer vers un modèle alimentaire plus durable, c’est-à-dire compatible avec la protection de l’environnement, la protection des animaux, et avec un partage équitable des ressources alimentaires au niveau de la planète.

Les raisons de la colère

Ces textes empêchent la mise en place de menus alternatifs végétariens quotidiens en complément du menu standard. Ils interdisent ainsi de proposer des repas équilibrés aux enfants des familles qui refusent le menu standard pour raisons de conscience (qu’il s’agisse de familles végétariennes ou végétaliennes par respect de la vie animale, ou de familles qui refusent les plats carnés en collectivité pour raisons religieuses). Par ailleurs, la présence de l’alternative végétarienne intéresse d’autres usagers, comme le prouve son succès dans les lieux où elle est proposée.

D’autre part, ces textes rendent obligatoire un modèle alimentaire fondé sur une hyper consommation de produits d’origine animale, en imposant leur présence dans chaque plat principal de chaque menu, et en imposant de surcroît la présence d’un produit laitier dans chaque menu. A cet égard, ils heurtent l’ensemble des personnes conscientes des dégâts occasionnés par le modèle de production agricole et le système de surexploitation des océans qui rendent possible (pour une minorité des habitants de la planète) un tel régime alimentaire.

Ces dispositions sont d’autant plus choquantes qu’elles reposent sur des présupposés nutritionnels fantaisistes. Fort heureusement, nos besoins en calcium, protéines et autres nutriments peuvent être satisfaits sans que le lait et la chair (ou les œufs) des animaux soient de tous les repas. Le contraire signifierait qu’il est sans espoir de jamais parvenir à nourrir correctement l’ensemble des êtres humains.

Ces textes sont inacceptables en ce qu’ils privent tant les usagers que les responsables de la restauration scolaire de tout pouvoir et liberté d’agir en faveur d’une alimentation plus solidaire : respectueuse des animaux, soucieuse d’un partage équitable des ressources à l’échelle mondiale, attentive à la préservation d’une planète vivable pour tous ses habitants, et assurant l’accueil sans discrimination de tous les enfants et adolescents dans la restauration collective.
Aucun de ces objectifs ne saurait être atteint en rendant obligatoire un modèle alimentaire dont la condition d’existence-même est le recours systématique aux produits de la pêche et de l’élevage industriels.

Une rencontre à la DGAL

Le 26 octobre dernier, une délégation de représentants d’associations opposées au décret restauration scolaire a été reçue par Monsieur Jean-Luc Angot, directeur de la DGAL, accompagné de M. Jean-Paul Mennecier, chef du Service de l’alimentation.
Monsieur Angot a indiqué que, selon lui, le seul objectif du décret était de diversifier l’alimentation, d’élargir le choix des usagers et d’assurer à tous une alimentation équilibrée. Il a indiqué qu’à son sens il ne s’agissait pas d’imposer aux établissements de servir de la viande à ceux qui n’en veulent pas.
Reste qu’en l’état, les textes l’imposent effectivement. Ils ne laissent aucune latitude aux élus et responsables de la restauration collective, que ce soit pour proposer des menus standard avec une moindre proportion de produits d’origine animale dans le souci de favoriser un modèle alimentaire plus durable, ou pour proposer chaque jour un menu alternatif végétarien en complément du menu standard. De fait, les textes restreignent le choix des usagers au lieu de l’élargir.

Demande de retrait et de révision des textes

Pour les raisons indiquées ci-dessus, nous demandons le retrait de ces textes. Des aménagements précaires sous forme de dérogations au cas par cas accordées par le ministère de l’Agriculture, ou de circulaires, notes de service et autres textes infra-réglementaires indiquant qu’il est possible d’interpréter le décret et l’arrêté du 30 septembre 2011 comme ne disant pas ce qu’ils disent effectivement, ne constitueraient pas des garanties suffisantes contre les effets dommageables de ces textes.

Il est en revanche tout à fait possible de les revoir, en préservant leurs aspects positifs (souci de la qualité nutritionnelle des repas, souci d’éviter les excès de graisse ou de sel, etc.), et sans remettre en cause l’ensemble du travail effectué pour les élaborer. Il suffit :
- d’indiquer explicitement que les prescriptions concernant le menu standard n’excluent pas la mise en place d’une alternative végétarienne ou végétalienne,
- d’indiquer explicitement dans la grille de fréquence de service de diverses denrées, que les produits animaux peuvent être remplacés par des produits végétaux, du moment que les besoins nutritionnels sont satisfaits, afin que les élus et responsables de restauration collective soucieux de mettre en place des repas équilibrés moins riches en produits d’origine animale puissent le faire.

Les associations et les élus signataires de ce courrier sont à la disposition des services de votre ministère pour une concertation sur les thèmes ci-dessus.

Recevez, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération,

26 octobre

restauration collective manifestation

Mercredi 26 octobre 2011, un rassemblement a eu lieu devant les bureaux de la Direction Générale de l'Alimentation pour exiger l'abrogation du décret et de l'arrêté sur la restauration scolaire.
→ En savoir plus

14 jan

A propos du rapport Agrimonde (INRA + Cirad) :
"Mais il est clair que si toute la planète mange comme on mange, et notamment autant de viande, la pression sur les ressources naturelles ne sera pas tenable". Lire la dépêche AFP

Le Monde22 novembre 2023https://www.lemonde.fr/climat/article/2023/01/22/pour-atteindre-la-neutralite-carbone-il-faut-manger-beaucoup-moins-de-viande_6158853_1652612.html« Pour atteindre la neutralité carbone, il faut manger beaucoup moins de viande »
Le Parisien27 avril 2022https://www.leparisien.fr/societe/grippe-aviaire-une-nouvelle-video-de-lassociation-l214-denonce-lenfouissement-massif-doiseaux-en-vendee-27-04-2022-6LY637HCF5B6PCIDUGYVKAMJLU.phpGrippe aviaire : une nouvelle vidéo de l’association L214 dénonce l’enfouissement massif d’oiseaux en Vendée
Sud-Ouest27 avril 2022https://www.sudouest.fr/societe/animaux/video-grippe-aviaire-l214-denonce-l-enfouissement-de-milliers-de-cadavres-de-volailles-en-vendee-10740793.phpGrippe aviaire : L214 dénonce l’enfouissement de milliers de cadavres de volailles en Vendée
Radio-Canada09 avril 2022https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1875172/analyse-giec-solutions-gouvernement-guilbeault-mesures?GIEC : les solutions sont là, qu’est-ce qu’on attend?
France 3 Pays de la Loire05 avril 2022https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/vendee/grippe-aviaire-l214-diffuse-des-images-de-gazage-de-poulets-dans-un-elevage-intensif-de-vendee-2518248.htmlGrippe aviaire : L214 diffuse des images de gazage de poulets dans un élevage intensif de Vendée

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